Message principal : L’arrivée d’Elüta le Magnifique
Le port était noyé dans un de ces brouillards à couper au couteau qui annoncent l’automne et souvent la pluie. Je constatais que les mâts des navires environnants disparaissaient dans la grisaille à quelques coudées à peine au dessus de leur tête. Ce climat me rembrunissait de plus en plus alors que je bavardais avec le capitaine à l’avant du navire.
-N’ayez crainte, mon Seigneur, disait celui-ci. Le couvercle devrait se lever quand nous serons à quelques milles au large. Il souffle une brise régulière du côté de ce détroit du continent.
-Tant mieux, répondis je. Je n’aimerais pas que nous rentrions dans quelque chose. A combien de temps estimez vous la durée de la traversée ?
-Nous devrions y être dans 2 ou 3 jours. C’est assez loin mais nous avons le vent en poupe. Seulement le voyage de retour risque de prendre plus de temps, ajouta-t-il pour lui-même.
-Tout devrait être à bord dans peu de temps.
-Nous lèverons l’ancre dès que mon Seigneur donnera le signal.
Je hochais la tête, renvoyant le capitaine à ses occupations et je me campais à la poupe en observant leurs marins qui s’affairaient en bas sur le quai. Des ballots de marchandise étaient chargés par une trentaine d’hommes et de bêtes sous l’œil inquisiteur du maître d’ouvrage. Les ordres claquaient secs comme des coups de fouet, et la marchandise fut rapidement installé dans la cale, solidement amarrée pour empêcher le roulis et le tangage du navire de gâter cette précieuse cargaison. Mes hommes avaient pris place dans le navire avec ordre de ne pas trop se montrer. Tout était prêt, on n’attendait plus que mon ordre pour partir.
Une grosse goutte d’eau tomba sur le gréement qui disparaissait dans le brouillard, il ne manquait plus que la pluie pour parfaire ce départ, enfin…
-ça y est, Capitaine appelais-je. Vous pouvez lever l’ancre.
-A vos ordres mon Seigneur acquiesça le capitaine, puis il se mit à brailler un ordre et tous sur le ponton surent ce qu’ils avaient à faire. Le bateau s’éloigna un peu du quai et s’engouffra dans l’épais brouillard.
A deux milles de la côte, le ciel se teinta d’ocre et le brouillard commença à se dissiper à mon plus grand soulagement. Les trajets en bateau avaient le don de me rendre soucieux voire nerveux. Le vaisseau courrait vent arrière, sa proue fendant la houle et les vagues écumantes qui léchaient le navire de sa langue salée. La traversée commençait et déjà le ciel s’assombrissait à mesure qu’il avançait vers leur destination. Un « pépin » était prévu en fin de soirée. Je regagnais ma cabine en soupirant.
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Le port de l’île des Sylphes grouillait de vaisseaux multicolores, grands et petits, venus de tous les coins du continent. Le capitaine se faufila prudemment entre toutes les coques bercées par les flots et mouilla l’ancre le long d’un quai de pierre réservé aux riches marchands. Le temps que l’on décharge toute la marchandise le soir était presque tombé. Je me dirigeais avec mes hommes vers mes nouveaux bureaux que j’avais fait construire bien avant mon arrivée. Je me frayais un chemin à travers les chantiers, mes hommes écartant les ouvriers qui s’étalaient sur la route. Du haut de ma monture, j’apercevais la frénésie des colons qui s’activaient telle une fourmilière. De nouvelles affaires en perspective pensais je un vague sourire carnassier sur les lèvres.
Ma demeure était à la hauteur de mes espérances et surtout à la hauteur de la petite fortune que j’avais mise dans ce chantier. C’était un véritable palace de marbre à plusieurs étages devant lequel s’étendait un grand jardin. Une allée dallée s’incurvait élégamment à travers les pelouses et menait à une colonnade gardée par des valets en livrée. Mes hommes restaient époustouflé devant cette maisonnée aux allures de château.
-C’est gentil, n’est ce pas ? Dis je d’un petit ton dégagé avant d’éclater de rire. A vrai dire, c’est surtout destiner à impressionner la population. Mais je ne doute pas que l’on trouvera une ou deux rues un peu plus sombres que les autres pour vous satisfaire, ajoutais je avec un clin d’œil vers l’homme le plus proche de moi qui se fendit d’un large sourire. Je pense vraiment qu’on va s’amuser ! Puis d’un signe de la main, j’invitais la petite compagnie à me suivre.
Jeu 2 Aoû - 12:43